“Fake Trade” : Pourquoi Mirotic doit être envoyé au Jazz

“Fake Trade” : Pourquoi Mirotic doit être envoyé au Jazz

Un petit transfert imaginaire analysé dans le détail. Celui que les Chicago Bulls et le Utah Jazz ont intérêt à monter autour de Nikola Mirotic.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
C’est au moment où Nikola Mirotic et les Chicago Bulls sont au plus haut qu’il faut justement, paradoxalement, se demander si l’espagnol ne devrait pas poursuivre sa carrière NBA ailleurs. Les taureaux sont invincibles – sept victoires de suite, une série rudement mise à l’épreuve dès ce soir contre les Cleveland Cavaliers – depuis le retour de blessure de leur intérieur, boxé par Bobby Portis avant le coup d’envoi de la saison. Et ça, ce n’est pas bon du tout pour les affaires. Pour une fois que Gar Forman et John Paxson, les deux zigotos qui gèrent la franchise, avaient un plan… il faut que Mirotic vienne tout faire sauter. Peut-être est-ce même sa manière d’emmerder les dirigeants qui ne l’ont certainement pas soutenu autant que nécessaire pendant que le joueur soignait ses multiples fractures au visage. Bref. Peu importe. Le tanking organisé des Bulls est compromis à chaque victoire supplémentaire. De 3-20, Chicago est passé à 10-20. A ce rythme, la franchise de l’Illinois va dépasser les équipes en perdition que sont Orlando, Phoenix, Sacramento et compagnie. Ce n’est pas du tout le but. Le front office a mené le grand nettoyage estival dans l’optique de repartir de zéro, ou presque. Jimmy Butler a été expédié aux Minnesota Timberwolves. Dwyane Wade a négocié son buyout. Il n’y a donc plus aucun chef de meute dans la « Windy City ». Pas de mâle alpha pour casser les burnes de Fred Hoiberg. Mais les supporteurs de cette ville qui respire bien fort le basket ne vont pas se laisser berner pendant des années et des années par le projet de transition. Reconstruire, c’est bien, mais c’est justement dans l’idée de retrouver un jour les sommets. Pour ça, pas de hasard. Il faut une superstar. Ça tombe bien, la prochaine cuvée de rookies en compte au moins trois : Marvin Bagley III, Deandre Ayton et Luka Doncic. N’importe lequel de ces trois gars fait plus saliver les organisations NBA que n’importe quel prospect de la superbe promotion 2017 (à part peut-être Jayson Tatum, et encore). Alors à quoi bon chopper le sixième, septième ou huitième choix en 2018 – si les Bulls continuent leur remontée – alors que la prochaine draft est une occasion rêvée pour s’offrir le futur visage de la franchise ? OK, l’équipe reste sur sept victoires de suite et elle n’a même pas encore récupéré Zach LaVine ! Mais même en exploitant au maximum le potentiel de l’effectif actuel, les possibilités restent limitées. Impossible de viser vraiment haut. Même dans un futur proche. Même à l’Est. D’où l’intérêt de se séparer de Nikola Mirotic, un joueur qui rend les taureaux bien plus forts.

3 points pour expliquer la série surprenante des Bulls

https://www.basketsession.com/actu/chicago-bulls-sept-victoires-408672/ La cote de Nikola Mirotic est plus élevée que jamais. Tout simplement parce qu’il n’a jamais été aussi bon en NBA qu’il ne l’est actuellement : 19,6 points par match, 52% aux tirs, 49% à trois-points et 7,7 rebonds en à peine 26 minutes. En sortie de banc. Souvent décevant depuis son arrivée en provenance du Real Madrid, il est enfin tranchant. Il ne serait donc pas étonnant que de nombreuses équipes jaugent au moins sa valeur en passant un coup de bigot aux Bulls. Personne ne rate jamais une occasion d’essayer d’enfumer Paxson et Forman. Le Utah Jazz a intérêt à tenter sa chance. Le natif de Podgorica, Monténégro, est le joueur qui manque à la franchise mormone. Lourdement battu cette nuit, l’équipe de Salt Lake City est neuvième à l’Ouest (14 victoires, 18 défaites). Elle manque de régularité – et peut-être même de talents – pour vraiment peser suite aux départs de Gordon Hayward et George Hill l’été dernier. Pour l’instant, les coaches font du bricolage dans l’espoir de rester compétitif. L’objectif n’est pas du tout le même qu’à Chicago : hors de question de tanker, le Jazz vise les playoffs. Il faut donc gagner des matches. Et le groupe de Quinn Snyder est bien plus performant quand Utah joue small ball. Avec un seul intérieur de formation. Selon NBA.COM, toutes les meilleures « lineups » du Jazz sont celles où il n’y a qu’un seul pivot avec quatre joueurs extérieurs autour. C’est presque obligatoire dans le basket moderne. Encore plus pour une équipe qui manque d’attaquants capables de faire la différence.

Nikola Mirotic, le joueur parfait pour Utah

Nikola Mirotic serait idéal au côté de Rudy Gobert dans la peinture. Il est suffisamment long pour jouer ailier-fort (d’ailleurs, l’idée de le faire jouer ailier, comme c’était le cas en FIBA, a disparu). Le Français compenserait les lacunes défensives de l’Espagnol tandis que ce dernier apporterait au scoring tout en étirant le jeu en attaque. Il est une version bien plus intéressant de l’intérieur fuyant que ne l’est Jonas Jerebko, « stretch four » du Jazz dans les cinq de petite taille. Les adeptes du CBA noteront que le joueur de la Roja a une « no-trade clause ». Il peut donc refuser n’importe quel transfert. Mais plusieurs points laissent penser que le bonhomme lui-même ne serait pas contre un transfert. Il l’aurait de toute façon déjà demandé dans les jours qui ont suivi son altercation avec Bobby Portis. OK, il a bien changé sa communication depuis. Mais n’est-ce pas là surtout la preuve de son professionnalisme plus que le témoignage de son envie de rester à Chicago ? Mirotic n’aurait toujours pas reparlé à Portis en dehors du terrain. Ils sont complices sur le parquet, et c’est tout à leur honneur.

Utah, équipe parfaite pour Nikola Mirotic

Cependant, il semble évident que cet accrochage a laissé des traces dans l’esprit de l’Espagnol. Au-delà de cette histoire, combien de temps va-t-il accepter de jouer remplaçant pour l’une des plus mauvaises équipes de la ligue ? Il atteint doucement le summum de sa carrière. C’est le moment se surfer sur cet état de forme. Pas de partager son temps de jeu avec Lauri Markkanen et Bobby Portis, deux joueurs plus jeunes qui ont les faveurs de la franchise. Surtout que le Finlandais est hautement estimé par les dirigeants et les supporteurs. Quoi qu’il advienne, il y a bien un moment où Niko devra penser à faire ses bagages. Utah est une équipe avec un fort collectif, ce qui peut lui plaire. Le basket est pratiqué « à l’européenne » si jamais cette expression a un sens quelconque. Il y a même déjà un Espagnol (Ricky Rubio) pour assurer l’intégration et la transition. Le mariage serait parfait. Tout ceci étant dit, place aux offres. CHICAGO RECOIT : Rodney Hood (2,3 millions jusqu’en 2018), Alec Burks (10,8 millions jusqu’en 2019) UTAH RECOIT : Nikola Mirotic (12,5 millions jusqu’en 2019), Paul Zipser (1,3 millions jusqu’en 2020), un futur premier tour (protégé top 8 - 2021) Pas sûr que les supporteurs du Jazz valident complètement cette offre. Parce que Rodney Hood pèse quand même 17 points par match et le céder compliquerait la tâche d’une équipe qui lutte déjà à marquer des points. Surtout si Alec Burks, attaquant prolifique en sortie de banc, est aussi échangé dans l’échange. Le pick peut éventuellement adoucir l’échange même s’il forcerait les Bulls à se reconstruire en trois saisons.

Rodney Hood, l'ailier qui manque aux Bulls ?

Hood score mais il monopolise pas mal la gonfle aussi. Ce n’est certainement pas un créateur et son « handle » est encore faible pour qu’il s’impose comme une vraie arme balle en main. Ses statistiques ont évolué. Mais plus par un surplus d’opportunités qu’en raison d’une véritable progression. Formé à Duke, le joueur de 25 ans (déjà) arrive à la fin de son contrat rookie. Le Jazz a passé son tour au moment où les membres de la draft 2014 étaient éligibles à une prolongation cet automne. Le management n’est donc pas convaincu à 200% pour qu’il soit indispensable à l’équipe. Rodney Hood est suffisamment doué pour berner des franchises prêtes à lui filer plus de 15 millions par an. Mais, dans le même temps, les joueurs de sa trempe ne sont finalement pas si rares. Surtout sur les postes deux et trois. Les « 3 and D » sont de plus en plus monnaies courantes. Les dirigeants d’Utah ont-ils vraiment à intérêt à payer le prix fort pour le garder ? S’ils estiment que non, il serait donc préférable de le transférer dès maintenant. Ce transfert serait finalement un gage de confiance envers Donovan Mitchell, star montante de l’équipe.

Offres alternatives

Les Bulls ont déjà plus de raisons de récupérer un basketteur de son profil. Ils sont effectivement très légers sur les ailes. Burks et Hood compenseraient ces vides en attendant le retour de LaVine. Surtout que si Chicago, en reconstruction, peut plus facilement digérer le salaire de Burks et la future prolongation salée de Rodney Hood. Si vraiment le Jazz ne veut pas le transférer, il a évidemment d’autres offres possibles. CHICAGO RECOIT : Alec Burks (10,8 millions jusqu’en 2019), Raul Neto (1,4 millions jusqu’en 2018), un premier tour de draft (protégé 1-10, 2018) UTAH RECOIT : Nikola Mirotic (12,5 millions jusqu’en 2019) Si le Jazz veut absolument jouer les playoffs, cette offre peut séduire. La franchise lâcherait là son pick, tout en maintenant une protection au cas où la mayonnaise ne prend pas avec Mirotic. Le choix de draft – situé entre 13 et 19 a priori – peut convaincre les Bulls. CHICAGO RECOIT : Derrick Favors (12 millions jusqu’en 2018), un premier tour de draft (protégé 1-10, 2018) UTAH RECOIT : Nikola Mirotic (12,5 millions jusqu’en 2019) Ce transfert en appellerait sans doute d’autre et notamment celui de Robin Lopez. Il est peut-être plus facile à mettre en place.
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